Que dit la loi sur le risque de requalification ?
Une présomption de non – salariat dans le Code du travail
Le Code du travail prévoit une présomption simple de non – salariat concernant l’auto-entrepreneur qui est inscrit à l’un des registres permettant l’immatriculation d’une activité (registre du commerce et des sociétés, au répertoire des métiers, au registre des agents commerciaux, etc).
“Sont présumés ne pas être liés avec le donneur d’ordre par un contrat de travail dans l’exécution de l’activité donnant lieu à immatriculation ou inscription :
- Les personnes physiques immatriculées au registre du commerce et des sociétés, au répertoire des métiers, au registre des agents commerciaux ou auprès des unions de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales pour le recouvrement des cotisations d’allocations familiales ;
- Les personnes physiques inscrites au registre des entreprises de transport routier de personnes (…) ;
- Les dirigeants des personnes morales immatriculées au registre du commerce et des sociétés et leurs salariés ; (article L8221-6 Code du travail).
En résumé, si l’auto-entrepreneur est régulièrement enregistré cela signifie qu’il n’est pas lié par un contrat de travail à un donneur d’ordre.
Rappelons qu’une présomption simple est un ensemble de faits constatés qui peut être renversée par la preuve contraire.
Autrement dit, les faits constatés peuvent être insuffisants à prouver une situation si des faits contraires sont rapportés. La présomption de non-salariat peut donc être annulée par des faits démontrant des conditions d’exercice similaire au salariat.
C’est ce que rappelle la suite du même article :
“ L’existence d’un contrat de travail peut toutefois être établie lorsque les personnes (…) fournissent directement ou par une personne interposée des prestations à un donneur d’ordre dans des conditions qui les placent dans un lien de subordination juridique permanente à l’égard de celui-ci.”
Plus simplement, la validité d’un contrat de prestation de services ne peut pas découler uniquement de la présomption de non – salariat décrite dans le Code du travail. En effet, ce n’est pas parce que l’auto-entrepreneur remplit toutes les conditions d’inscription et d’immatriculation de son activité qu’il est à l’abri du salariat déguisé dans le cadre de ses missions.
Les réelles conditions d’exercice de l’activité l’emportent toujours sur la présomption de non – salariat aux yeux du juge, toutefois, l’existence d’un contrat de travail doit être démontrée.
Une absence de définition du contrat de travail dans le Code du travail
Le Code du travail ne donne pas de définition du contrat de travail. C’est la jurisprudence qui précise les conditions de ce contrat.
Aussi, les éléments caractéristiques du contrat de travail sont :
- le lien de subordination
- la prestation de travail
- la rémunération sous forme de salaire.
Le lien de subordination demeure central c’est pourquoi la jurisprudence l’a rappelé à plusieurs reprises (Cass soc 13 novembre 1996 N° de pourvoi : 94-13187).
“ le critère déterminant de reconnaissance d’un contrat de travail est le lien de subordination caractérisé par l’exécution d’un travail sous l’autorité de l’employeur qui a le pouvoir de donner des ordres, des directives, d’en contrôler l’exécution et de sanctionner les manquements de son subordonné “.
Le lien de subordination existe dès lors que l’autorité du donneur d’ordre s’exprime par des directives ; des contrôles ; des sanctions adressés au prestataire en dépit de l’indépendance de ce dernier.
C’est donc l’apparition d’un lien de subordination qui révèle l’existence d’un contrat de travail et qui renverse très facilement la présomption de non – salariat évoquée plus haut.
C’est précisément dans cette hypothèse que la requalification du contrat de travail peut s’appliquer.