Après avoir enchaîné deux années de courses pour décrocher sa qualification, Guirec Soudée a pris le départ du mythique Vendée Globe le 10 novembre dernier aux Sables-d’Olonne. A bord de freelance.com, il s’est élancé pour le fameux tour du monde en solitaire, considéré comme l’Everest des Mers. Parmi les 40 skippers participants, des habitués comme Jean Le Cam, Jérémie Beyou et Samantha Davies. Mais aussi la nouvelle génération de navigateurs, dont Guirec et Violette Dorange.
Malgré les nombreux aléas météorologiques et matériels, Freelance.com navigue actuellement dans l’océan Indien direction les îles Kerguelen. Un peu plus d’un mois après le départ, bilan d’un début course riche en imprévus, durant laquelle Guirec a su conserver son sang-froid et son légendaire humour.
Vendée Globe : Guirec à l’assaut de l’Everest des mers
C’est au son des binious et sous les applaudissements de la foule que Guirec a franchi la ligne de départ du Vendée Globe. Nous sommes le 10 novembre 2024 ; un jour qui restera certainement gravé dans la mémoire du marin de 32 ans. Entouré de son équipe, de sa famille et des milliers de spectateurs venus assister au spectacle, Guirec largue les amarres. Objectif : boucler le tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance ; soit un parcours de 23 400 milles nautiques d’environ trois mois.
Habitué aux courses en solitaire dans des conditions extrêmes, lui qui a déjà cumulé tour du monde et transatlantique à la rame, se lance dans une aventure à laquelle il rêve depuis longtemps. Et c’est à bord de l’IMOCA freelance.com qu’il a choisi de réaliser ce rêve. Le 10 novembre, il faisait donc partie des 40 skippers à prendre le départ du Vendée Globe, après avoir coché toutes les cases du parcours de sélection. De mai 2022 à novembre 2023, il a en effet participé à 6 courses, parmi lesquelles le Défi Azimut en septembre 2022, la Transat Jacques Vabre en novembre 2023 et The Transat CIC en avril 2024.
Du fil à retordre dès les premiers jours de course
Heureux, comblé et probablement un peu bouleversé : l’émotion de Guirec est palpable au moment où il quitte le port et descend le chenal, aux côtés des 39 autres IMOCA. Contrairement aux courses qualificatives qui ont précédé, le départ du Vendée Globe se fait sur une mer d’huile. Mais le calme sera de courte durée sur freelance.com. Après 2 jours de navigation et le passage réussi du Cap Finisterre sous 30 noeuds, le spi de freelance.com tombe à l’eau et se bloque dans la quille. Alors que Guirec affirmait avant le départ « ce qui compte, c’est de réparer tout de suite sinon, ça s’accumule, tu es vite dépassé », il doit pourtant attendre les conditions favorables pour entamer les réparations. « Il a fallu que je déroule mon spi de 400 m2 dans un intérieur de 15 m2 », explique-t-il ensuite. Après avoir bataillé durant plusieurs heures, Guirec vient à bout de cette « mission impossible ». « Les soucis, ça fait partie du jeu », constate-t-il, philosophe.
Les jours qui suivent sont marqués par une zone de grains qui provoque un vent très instable. Malgré des conditions peu favorables, Guirec poursuit tranquillement sa descente de l’Atlantique. Le dimanche 17 novembre, il est au coude-à-coude avec Violette Dorange (sur DeVenir) et Romain Attanasio (sur Fortinet Best Western). Le Jeudi 21 novembre, le passage au large du Cap-Vert s’accompagne d’un retour de vent. Mais la traversée d’une zone remplie de sargasses au niveau du Pot-au-Noir oblige Guirec à reprendre la barre, et ralentit le bateau. Guirec se fait devancer par quelques concurrents, mais parvient à franchir l’équateur — pour la 3e fois de sa vie — le samedi 23 novembre, après 13 jours, 2 heures et 39 minutes de course ; une première étape particulièrement symbolique dans ce tour du monde.
Gérer des conditions instables sur la route vers le Grand Sud
Après quelques réparations sur le moteur, voilà Guirec en route vers le Cap de Bonne-Espérance. Alors que Freelance.com poursuit sa route vers l’Atlantique Sud, Guirec doit composer avec des conditions instables pour sa troisième semaine de course. Vents variant de 3 à 20 noeuds en 25 minutes, orientation changeante : les conditions ne sont pas de tout repos pour le skipper, qui garde pourtant la forme, et le moral. « J’ai dû faire 5 changements de voile cette nuit. Le vent n’est pas régulier. En plus, les fichiers n’annoncent pas ce que j’ai en conditions réelles. ».
Après être passé à proximité de l’archipel brésilien Fernando de Noronha, il profite d’un couloir de vent au large du Brésil pour bifurquer vers l’Est en direction du Cap de Bonne-Espérance.
Alors que s’entame la 4e semaine de course, il retrouve son rythme de croisière. Les vents à 35 noeuds atteignent toutefois les 50 noeuds réguliers une fois le Cap de Bonne-Espérance franchi. « Les plus belles séries de vagues sont à 6-7 mètres, et j’ai eu des claques à plus de 60 noeuds », confie-t-il.
Bilan à M+1 : plus d’un tiers du parcours réalisé, la catastrophe tout juste évitée
Alors qu’il a quitté les Sables-d’Olonne depuis un mois, Guirec fait cap au Sud vers les îles Kerguelen. L’occasion pour lui de découvrir cet océan qu’il ne connaît pas. « L’Océan Indien est une mer hyper rapprochée, hyper hachée, ce n’est pas très confortable. On a des rafales à 35-40 noeuds. J’ai un peu mal pour le bateau. Il faut mettre le curseur au bon endroit. »
Au 32e jour de course, Guirec doit gérer une double avarie à bord de Freelance.com. Alors que la drisse de J1 se retrouve emmêlée à celle du Jibtop, un grain en amont de la dépression provoque des rafales à plus de 50 noeuds. En pleine nuit, Freelance.com part au lof, le bateau se couche, le bout se rompt et le J2 — la voile à poste sur l’étai principal du bateau, qui empêche le mât de tomber en arrière — se déchire. Après une heure de manoeuvre éprouvante pour passer le nouveau bout dans l’enrouleur, Guirec peut souffler : le démâtage évité de justesse, il peut désormais reprendre sa route. Mais avec un jibtop bloqué au mât et un J2 déchiré, il est toutefois contraint de se dérouter sous le vent des Kerguelen pour opérer en tête de mât, et remettre le bateau en état avant d’entamer la suite de la course.
En date du 13 décembre, à un peu plus d’un mois du départ, Guirec a parcouru plus de 8700 milles nautiques, et il lui en reste plus de 15 000. Il se positionne en 28e place du classement. Mais on le sait : un tour du monde à la voile en solitaire n’est pas de tout repos, et notre skipper n’a pas dit son dernier mot !
Toute l’équipe Freelance.com souhaite bon vent à Guirec (ni trop doux ni trop violent, juste ce qu’il faut pour qu’il puisse réparer son bateau et reprendre la course sereinement). #GoGuirecGo !
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