L’entreprise libérée favorable à la protection du salarié en droit du travail
L’entreprise libérée désigne une forme organisationnelle dans laquelle les salariés s’auto-gèrent, ce qui signifie qu’ils sont totalement libres des actions qu’ils mènent et qu’ils sont responsables.
Le système pyramidal laisse place à un système linéaire ou chacun possède sa compétence propre et peut ainsi participer à la vie de l’entreprise dans un climat de confiance et de reconnaissance, sans directives ni contrôles des supérieurs.
Cette liberté du salarié fait écho à la vocation du droit du travail de protéger le salarié contre tout asservissement au travail. Le droit du travail vise en effet à rétablir l’équilibre rompu entre salarié et employeur en raison du lien de subordination existant entre eux.
Aussi, le Code du travail prévoit diverses façons de revaloriser la position du salarié en le faisant par exemple participer au résultat de l’entreprise. C’est l’objet du dispositif de l’intéressement en entreprise grâce auquel le salarié n’est plus perçu comme un simple exécutant de directives mais comme un véritable acteur de la vie de l’entreprise.
“ L’intéressement a pour objet d’associer collectivement les salariés aux résultats ou aux performances de l’entreprise ” (article L3312 Code du travail).
Les motivations du concept d’entreprise libérée se retrouvent aussi dans les dispositions du Code du travail relatives à la négociation collective.
En effet, cette négociation qui consiste aux discussions entre représentants d’employeurs et organisations syndicales représentatives des salariés afin de conclure une convention ou un accord, confère la liberté aux salariés de négocier l’élaboration de nouvelles normes professionnelles.
“ (…) la détermination des relations collectives entre employeurs et salariés. Il définit les règles suivant lesquelles s’exerce le droit des salariés à la négociation collective de l’ensemble de leurs conditions d’emploi, de formation professionnelle et de travail ainsi que de leurs garanties sociales.” (article L2221-1 Code du travail).
Parmi les autres dispositions protectrices du salarié nous pouvons également citer l’interdiction pour l’employeur de discriminer les salariés en raison de leur origine, sexe, mœurs, orientation sexuelle, âge ou situation de famille etc. (article L.1132-1 Code du travail)
Enfin, le droit du travail protège les droits et les acquis des salariés dans le temps notamment lorsqu’une modification de la situation juridique de l’employeur survient. Ainsi, en cas de reprise d’une entreprise par un nouveau propriétaire, les contrats de travail sont maintenus en vertu de l’article L.1224-1 du Code du travail.
Ces quelques exemples ne constituent pas une liste exhaustive des dispositions protectrices des salariés qui sont très nombreuses, mais suffisent à rappeler que la liberté des salariés est au cœur de la relation contractuelle, en dépit du lien de subordination juridique auquel ils sont soumis.
Dans ce sens, le droit du travail et l’entreprise libérée poursuivent les mêmes objectifs.
L’entreprise libérée à l’épreuve du droit du travail
L’auto-gestion totale des salariés et leur autonomie dans la prise de décisions soulèvent plusieurs questions juridiques en droit du travail.
Tout d’abord concernant la durée du travail, rappelons que le Code du travail prévoit que sauf dérogations conventionnelles ou collectives, le salarié est soumis à une durée légale de travail de 35 heures par semaine (article L3121-27 Code du travail). Le salarié n’est pas autorisé à travailler au delà de la durée maximale. Or, dans le cadre d’une entreprise libérée on peut s’inquiéter d’une surcharge de travail fréquente d’un salarié totalement autonome qui doit gérer toute la situation. L’hypothèse d’un dépassement de la durée du travail serait alors plus que probable.
Par ailleurs, se pose la question de la frontière entre cadres dirigeants et non-cadres. En effet, le Code du travail énonce que :
“ sont considérés comme ayant la qualité de cadre dirigeant les cadres auxquels sont confiées des responsabilités dont l’importance implique une grande indépendance dans l’organisation de leur emploi du temps, qui sont habilités à prendre des décisions de façon largement autonome et qui perçoivent une rémunération se situant dans les niveaux les plus élevés des systèmes de rémunération pratiqués dans leur entreprise ou établissement.” ( article L. 3111-2 – Code du Travail).