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Comment les sociétés de Venture Capital sélectionnent-elles les startups ? Avec Jean de la Rochebrochard
En phase de lancement, une startup nécessite souvent d’importants financements.
Les sociétés de Venture Capital, aussi appelées sociétés à capital risque, permettent d’apporter une aide aux entreprises en création par une prise de participation dans leur capital.
Concrètement, qu’est-ce qu’une société à capital risque ? A quel moment y avoir recours ? Quels sont les critères retenus pour obtenir un financement ? Quel est le profil des entrepreneurs (et entreprises) financés par les sociétés de Venture Capital
Jean de la Rochebrochard est Managing Partner chez Kima Ventures, un des fonds détenu par Xavier Niel.
Interviewé par freelance.com, il nous apporte un éclairage sur son métier d’investisseur. Il nous explique notamment comment il choisit les startups dans lesquelles il va investir.
Qu’est-ce qu’une société de Venture Capital ?
Une société de Venture Capital (VC), ou société à capital risque (SCR) est une société implantée sur le territoire français, dont l’activité principale consiste en la prise de participation dans le capital d’autres sociétés non cotées en bourse.
Comme le précise Jean de la Rochebrochard, les sociétés à capital risque peuvent être spécialisées dans des tailles, types d’entreprises et activités variés : « Kima Ventures a été créée en 2010. Elle s’adressait initialement à tous les entrepreneurs français, quelles que soient leur activité et leur implantation géographique. Depuis 2018, Kima Ventures continue de s’adresser aux investisseurs francophones implantés partout dans le monde, mais avec une spécialisation sur le secteur de la tech. »
Kima Ventures cible des entreprises en phase d’amorçage ou de pré-amorçage, sur des prises de participation comprises entre 100 et 150K€. « Nous effectuons environ 120 investissements par an. (…), à la différence de New Wave, un autre fonds détenu par Xavier Niel, qui investit des montants plus élevés (entre 1 et 3 millions d’euros) sur des entreprises plus porteuses mais moins nombreuses. »
Quels sont les critères de sélection des startups ?
« Je passe 30 minutes avec les entrepreneurs, mais j’ai souvent pris ma décision d’investir au bout de 5 à 10 minutes. »
Alors que certaines sociétés de Venture Capital tablent sur des process de prise de décision très longs, Jean de la Rochebrochard mise sur un seul entretien pour décider de sa prise de participation dans une startup. « Dans le Venture, on ne perd l’argent qu’une seule fois. Donc je préfère prendre mille paris rapides, en sachant que 5 ou 10 startups rendront pour les 995 autres. »
Son choix d’investir s’appuie sur 3 critères :
- L’opportunité du marché, c’est-à-dire le potentiel (de développement ou de disruption) offert par le marché.
- Le timing, comme le fait de pénétrer un marché sur lequel les usages commencent à se démocratiser, ou sur un marché qui s’essouffle et offre donc de la place pour les idées innovantes. Le critère de timing est souligné comme étant un élément essentiel de la réussite d’une startup, et donc du choix d’investir.
- Le fit, qui concerne non seulement l’adéquation entre l’investisseur et le fondateur, mais aussi l’adéquation du fondateur avec son marché.
Sur le premier point, Jean de la Rochebrochard évalue la vision de l’entrepreneur, sa capacité à apprendre rapidement ainsi que sa force d’exécution. Sur le deuxième point, l’idée est d’évaluer l’intérêt profond du startupper pour son marché, au-delà des engagements opportunistes.
« Avant de recevoir une startup en entretien, j’ai déjà un début de vision sur les opportunités de marché, précise le Managing Partner de Kima Ventures. Ensuite, c’est l’entrepreneur qui va me convaincre, par son ambition, son optimisme, son énergie, son envie d’en découdre, sa flexibilité et son écoute. Il doit être tiraillé entre la volonté de bien faire les choses, et de les faire vite. »
Quel bilan pour les sociétés de capital risque, et quelles réussites pour les startups ?
En terme de chiffres, «100 des 1 100 startups détenues au porte-feuille de Kima Ventures génèrent 80% de la performance. Et sur ces 100 startups, elles sont au nombre de 10 ou 20 à générer 80% de ces 80% », précise Jean de la Rochebrochard.
Autre ratio représentatif du taux de réussite des startups en général : « Sur 100 startups, 70 vont échouer, 30 vont plus ou moins fonctionner et 10 vont générer un ROI intéressant. »
Certains noms du portefeuille de Kima Ventures sont aujourd’hui connus comme des startups à succès.
Parmi les licornes figurent notamment Alan, Sorare, PayFit ou encore Mirakl.
En terme de typologie de startup, les startups de Kima Ventures sont plus orientées Web 3 que projets à impact.
En ce qui concerne le profil des entrepreneurs, seuls 20 à 25% des projets financés sont portés par des femmes
« L’intention de parité est présente comme elle l’est dans d’autres projets de Xavier Niel. A Station F ou à l’école 42, il y a par exemple 50% de femmes. »