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Interview Didier Girard : Comment créer un SI future-proof ?
Interview Didier Girard par Julie Huguet
Julie Huguet : Aujourd’hui, je suis ravi d’être en compagnie de Didier Girard, co-CEO et CTO de SFEIR, un cabinet spécialisé en transformation numérique, membre de notre réseau Inop’s. Sa mission : accompagner ses clients à créer un système d’information moderne, ce qui veut dire pour Didier Girard « compatible avec le futur. »
Peux-tu nous préciser ce point ?
Didier Girard : Concrètement, je peux l’illustrer par un exemple d’actualité. Doctolib était une entreprise qui permettait de prendre des rendez-vous pour des médecins. Elle voit un marché se dessiner : la prise de rendez-vous pour les vaccins. Ce n’est pas son métier historique mais elle se dit qu’il y a un potentiel business à prendre et donc, très rapidement, ils codent un nouveau service qu’ils sont capables en quelques semaines de mettre en production.
Pourquoi cela a-t-il été possible ? Parce que leur système d’information a pu accueillir très facilement cette modification. Un système d’information moderne, c’est cette capacité à développer une idée business très rapidement, à la mettre en production.
Julie Huguet : OK, c’est plus clair pour moi. On a tous envie d’avoir un système qui puisse s’adapter au futur. Mais on a nos problématiques internes qui peuvent empêcher cela. Toi qui accompagne des entreprises depuis longtemps, est-ce que tu peux nous partager les tips, les bonnes pratiques qu’elles peuvent mettre en place pour arriver à ce résultat ? Par exemple, quel serait ton premier conseil ?
Didier Girard : Mon premier conseil : il faut imaginer ce que sera son système d’information dans dix ans. On ne peut pas imaginer que dans dix ans, son système d’information ne soit pas hébergé, tout ou partie, sur le cloud. Donc une des premières choses que j’ai envie de dire, c’est de bien définir la stratégie de cloudification de son système d’information.
Julie Huguet : Effectivement, c’est un premier point. Tu m’avais parlé aussi de ce qui en découle…
Didier Girard : … c’est qu’une entreprise moderne soit capable de prendre des décisions qui sont objectives. Pour objectiver ses décisions, il faut des données. Il faut donc que l’on considère la data comme un produit : mettre en place ce qu’on appelle des data plateformes, des infrastructures qui soient capables de collecter ces informations pour créer de la valeur.
Historiquement, une entreprise était très orientée produit, finalement peu connectée de manière automatique avec son écosystème. Plus ça va et plus on doit y penser. Plutôt que de penser produits, on doit penser plateforme. Et donc pour cela, un SI doit être communiquant sur deux axes. Communiquant en interne, c’est à dire que les briques du SI doivent pouvoir communiquer de manière simple, légère.
Mais surtout, ce qui est très important, potentiellement communicant avec l’extérieur, avec les partenaires. C’est pour ça qu’on parle plutôt de plateformes. Souvent, un terme revient, c’est la notion d’API. Les gens ont parfois du mal à matérialiser ce qu’est une API. Il faut simplement se dire que c’est un canal de communication entre deux systèmes d’information.
Julie Huguet : Ça devient nécessaire de toute façon pour n’importe quel produit. Si on ne peut pas se connecter avec les outils utilisés par ses clients, on a beau avoir le meilleur produit du monde, ça ne marche pas.
Didier Girard : … et il faut élargir ça à ses partenaires. Dans le domaine de la logistique, il faut pouvoir dialoguer avec les acteurs de son écosystème que sont les transporteurs sur sa plateforme logistique.
Julie Huguet : Donc on doit être dans le cloud. On doit être capable de collecter la bonne data pour prendre les bonnes prises de décision. On doit être capable de communiquer.
Du coup, est ce qu’on peut parler aussi du produit lui-même ?
Didier Girard : C’est la finalité. Un système d’information, c’est de la puissance de calcul, de stockage, de communication au service de quelque chose. Ce quelque chose, ce sont les applications qu’on va mettre dans les mains des utilisateurs, pour créer de très belles expériences.
Cette expérience utilisateur est valable pour les clients, mais aussi pour les salariés. On les oublie trop souvent dans l’UX. C’est un peu notre métier.
Pour résumer, chez SFEIR, on a des cloud ingénieurs qui vont nous aider à mettre en place des plateformes cloud, des data ingénieurs qui mettent en place des plateformes de données, des spécialistes des API, des software ingénieurs qui codent les applications… On sait que le SI est un outil majeur pour les entreprises pour créer de la valeur dans le futur : il faut qu’il y ait des décideurs tech qui intègrent les cercles de décision.
Julie Huguet : Oui, les métiers et l’informatique doivent travailler main dans la main et ça doit partir des décisions stratégiques de l’entreprise. Il y a un autre point dont on parle beaucoup, c’est le zéro trust.
Didier Girard : La sécurité. C’est vrai que maintenant, on en parle beaucoup. En plus, ça fait régulièrement l’actualité. Le principe d’un système d’information moderne, c’est zéro trust. C’est à dire qu’on ne fait confiance à rien. Une entreprise qui met en place un système d’information moderne considère que le réseau de son système d’information est aussi sécurisé qu’Internet, c’est à dire qu’il n’est pas sécurisé et que le réseau de l’entreprise doit être considéré comme potentiellement agressif. Et donc, les différentes briques qui forment ce système d’information doivent être sécurisées, cryptées, etc.
Julie Huguet : Ça, c’est un point sur lequel tu as beaucoup de demandes avec tes clients.
Didier Girard : Ce sont des choses qui sont naissantes. A termes, l’idéal, c’est que n’importe qui puisse se connecter sur le réseau de l’entreprise et qu’on sache que de toute façon, il ne pourra pas mettre en danger l’entreprise. C’est ça, la cible.
Julie Huguet : Tu m’as parlé d’un dernier point : la sobriété.
Didier Girard : C’est un enjeu majeur. Quand on parle du futur, de modernité, on ne peut pas ne pas prendre en compte la sobriété. Cela ne va pas être simple à prendre en œuvre, mais c’est quelque chose qu’il faut dès maintenant commencer à travailler : essayer de comprendre quel va être l’impact carbone de ses choix, de ses solutions. Et c’est vrai que les produits qui arrivent commencent maintenant à donner des indicateurs. Il faut les mettre en oeuvre. Il y a des démarches qui permettent d’accompagner, comme le GreenOps.
Julie Huguet : Merci pour tous ces conseils. Je crois que tu as une actu à nous partager.
Didier Girard : Oui, le métier de SFEIR, historiquement, est un métier d’ingénieur. On venait nous voir pour réaliser des choses que d’autres avaient imaginé et souvent les entreprises nous disaient « tous les conseils que vous donnez en réalisant, ça aurait été bien de les avoir en amont, au moment même où nous réfléchissions à notre système d’information ». Et c’est pour ça qu’on nous a poussé à créer une entité de conseil qui s’appelle Envision.
On vient de l’annoncer et c’est vrai que je suis très enthousiaste avec ce projet.