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Green IT et Entreprises : Quel avenir pour la sobriété numérique ?

Meet up – Green IT et Entreprises : Quel avenir pour la sobriété numérique ?

Avec le développement du numérique dans les usages professionnels sur Internet, sur les réseaux sociaux, sur les applications de toutes sortes, sur les messageries d’entreprise, sur le cloud, sur les vidéos, avec le streaming et les requêtes multiples auprès des serveurs distants, avec ses tonnes de matériels et leur obsolescence programmée, nous sommes en train d’augmenter de manière exponentielle les émissions carbone liées au numérique.

Alors vous la sentez monter, cette petite musique sur la sobriété numérique ?

Et si la solution passait par ce que l’on appelle le green IT, cet informatique vert qui désigne les technologies permettant à une entreprise de réduire son empreinte carbone ?

Pour bien comprendre le présent et l’avenir de la sobriété numérique pour votre entreprise, nous avons réuni aujourd’hui quatre Change Makers :

  • Adrian Nortain, chief technology officer de Zenika,
  • Nicolas Bordier, consultant en numérique responsable chez Octo Technologies, green IT Padawan depuis 2009 et membre actif du collectif Conception Numérique Responsable,
  • Pierre Fuzeau,  DG de Serda Conseil, spécialiste des grands projets de dématérialisation,
  • Jean-Michel Mas, chief information officer et le chief technology officer chez Freelance.com.

Retrouvez le replay de notre troisième Meet-Up

Adrien Nortain : «  Et si il était temps de répondre au défi de la sobriété numérique ? Un des plus gros enjeux en ce moment des entreprises est de pouvoir recruter. Et le numérique responsable tend à être un des premiers sujets qui intéressent les nouveaux actifs. On l’a vu pendant nos procédures d’onboarding, pendant le BootCamp pour nos sessions d’intégration : les jeunes qui arrivent sur le marché du travail ont la niaque pour avoir un impact.

Donc, c’est le rôle de l’entreprise, effectivement, de les accompagner et de leur proposer des opportunités.

Un autre enjeu va être un enjeu financier : au niveau des fonds participatifs, les critères ESG commencent à être prépondérants.

Et enfin, plutôt au niveau du business model global, du réseau de partenaires et de fournisseurs, on voit qu’on commence à avoir une préférence pour faire travailler des personnes partageant le même concept. »

Jean-Michel Mas : Le monde de l’entreprise doit considérer le green IT comme un avantage compétitif. C’est clairement pour elle un moyen de se démarquer des autres et surtout d’être plus efficace. Un enjeu majeur du green IT est l’aspect matériel. Aujourd’hui, on sait que c’est l’excavation des terres rares qui permet de construire les machines, les devices, est la principale responsable des émissions de gaz à effet de serre. Et du coup, on a mis en place une politique de recyclage des équipements, du matériel. On essaie de leur donner une deuxième vie.

La marque employeur est la première à tirer bénéfice du fait qu’une entreprise démontre son engagement responsable. C’est ce qui va être un moteur dans le développement de ses bonnes pratiques. »

Pierre Fuzeau : Sur la dématérialisation, on est au milieu du gué. Ca veut dire qu’en fait, on a très clairement la double peine avec le carbone issu du papier et le carbone de la partie numérique. Ce qu’on a constaté en administrant un questionnaire, c’est que 81% des organisations publiques ou privées n’ont jamais fait de bilan carbone sur leur IT et leur dématérialisation. Personne n’a mesuré. Donc, personne ne sait comment on pilote la démarche. De manière claire, il y a des ruptures de charge : on imprime pour resigner. Ensuite, on reprend le document signé et on le remet dans un scanneur, etc… On a vraiment un enjeu de fluidification. De bout en bout, ça doit être du numérique pur sucre. Il y a un vrai sujet de prise de conscience, un travail à faire sur les cerveaux, sur les habitudes des usages. »

Nicola Bordier : « Le numérique responsable, idéalement, sera mainstream et incontournable dans les entreprises d’ici à 24 mois. Il y a vraiment un enjeu à aller vite. Chaque entreprise doit prendre part et être acteur dans ce changement de tous l’écosystème. Chacun montre un peu l’exemple et par effet boule de neige, chacun, chaque partenaire et même les concurrents vont agir et aller dans le bon sens. »

Parmi les exemples de bonnes pratiques :

Pierre Fuzeau : « Une première bonne pratique, c’est quelque chose qu’on était censé faire déjà avec le papier, mais qu’on n’a jamais bien fait. Et avec l’électronique, on est absolument obligé de le faire. C’est ce qu’on appelle la maîtrise du cycle de vie de l’information globale. On a des doubles ou triples conservations, on a dix fois le même fichier dans le cloud, dans les messageries, etc. Partout, on n’arrive pas à gérer ce cycle de vie. Et ça, c’est vraiment pour moi vraiment le fondement des bonnes pratiques. »

Adrien Nortain : « La sobriété numérique, c’est à tous les niveaux. Il faut un engagement fort de la direction générale de l’entreprise, si on veut avoir des actions impactantes. Après, il faut savoir être pragmatique si on a une culture organisationnelle qui est plutôt portée sur l’innovation, où les collaborateurs arrivent à faire passer leurs idées. Dans ce cas-là, il faut effectivement surfer là-dessus pour tisser une nouvelle culture du numérique responsable. »

Jean Michel Mas : « On a beaucoup parlé de l’éco conception. C’est important en amont de tenir compte de ces enjeux écologiques. Une application, un service bien conçu, c’est un service qui va être plus pérenne. Mais c’est aussi un service qui doit consommer moins de ressources, des ressources partagées ou bien qui seront moins génératrices de CO2. Sur cette notion de partage, un partage des ressources, de capacités de calcul, on a quand même un grand outil qui est arrivé dans le cloud. C’est un moyen également de réduire notre empreinte. Et c’est quelque chose qu’on utilise de plus en plus. »

Nicola Bordier : « Globalement, il faut essayer de faire durer les terminaux. Donc pour cela, il faut essayer de dégraisser les services numériques que l’on produit : il y a 65 %, de fonctionnalités qui ne sont pas utilisées ou très peu, en fait. Un tiers est réellement utile. Donc, aller droit à l’essentiel, dès la conception. En phase de cadrage, identifier ce qui a du sens et ce qu’il est plutôt de l’artifice et se concentrer uniquement sur ce qui a du sens, puis le développer avec les bonnes pratiques. »

Julie Huguet est entrepreneure et présidente d’une capitale French Tech. Passionnée de tous les sujets liés à la transformation, l’innovation ou plus généralement à la tech.

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